Santosha : L’art de se contenter de l’instant présent

Le yoga au-delà du tapis – Épisode 2

Santosha : quand le contentement devient une pratique vivante

Il y a quelque chose de délicieusement apaisant dans les petits matins indiens. Le tintement des clochettes aux temples, le parfum épicé du chai, les balais qui frottent le sol encore tiède… Rien d’extraordinaire, et pourtant tout semble résonner juste. Dans cette ambiance à la fois simple et vibrante, j’ai rencontré un mot aux racines profondes : santosha.

Quand le contentement n’est pas une résignation

Je l’avoue : au début, ce mot me laissait sceptique. Se contenter ? Cela sonnait comme une concession, un renoncement fade. Mais à mesure que je m’immergeais dans les gestes simples du quotidien indien, j’ai compris que santosha n’est ni passivité ni démission. C’est un art, une manière d’être. Une discipline du regard, presque. L’art d’être pleinement là, sans désir d’ailleurs.

Une expérience qui transforme

Un matin, dans une petite ville tamoule, j’attendais un bus. Un vendeur de samosas, assis là depuis des décennies, m’a offert un chai. On a parlé du ciel, du temps qui change, du peu de touristes. Puis il m’a dit : « Chaque jour est un bon jour, quand on sait le regarder. » Cette phrase, dite sans solennité, a laissé une trace.

Il n’avait ni confort, ni garantie. Et pourtant, son visage respirait la paix. En miroir, j’ai vu mes attentes, mes projections, ma peur du manque. Il m’a offert, sans le savoir, une leçon de santosha. C’est-à-dire : une leçon de liberté.

Santosha, une posture du coeur

Dans les Yoga Sūtra de Patañjali (II.42), il est écrit : Santosha-anuttamah sukha-labhah — « De la satisfaction naît le bonheur suprême. » Ce n’est pas un dogme moral, c’est une expérience. Santosha ne demande pas de renoncer au monde, mais de cesser de croire qu’il nous manque toujours quelque chose.

La Bhagavad Gītā parle elle aussi de ce calme intérieur : « Quand l’esprit, apaisé, se repose dans le Soi, une joie durable naît. » Une joie qui n’a pas besoin d’accessoires. Qui émerge dans le silence, dans le simple, dans l’accueil.

Sur le tapis comme dans la vie

Sur notre tapis, santosha prend racine dans l’écoute. Certains jours, la posture est fluide, légère. D’autres fois, le souffle est court, l’attention fuyante, le corps résiste.

Et si, au lieu de vouloir changer cela, nous apprenions à être avec ?

Sukhasana (la posture facile), malgré son nom, n’est pas toujours “facile”. Elle nous demande de rester assis avec nous-mêmes. Pas de fuite, pas d’agitation. Juste la présence. Elle nous apprend que le contentement commence souvent dans la simplicité — sans fioritures, sans besoin de briller.

Viparita Karani (les jambes au mur) est une invitation au lâcher-prise. Dans cette posture de repos profond, nous pratiquons l’art de ne rien faire, et de l’accepter. Elle nous murmure : “Tu n’as rien à prouver.” Elle ouvre un espace pour savourer le calme tel qu’il est, sans le remplir.

Paschimottanasana (la pince assise) nous confronte à nos limites : l’arrière du corps qui résiste, le souffle qui se raccourcit, l’esprit qui voudrait “aller plus loin”. Cette posture invite à ralentir. À cesser de forcer. À accueillir l’étirement là où il est aujourd’hui — sans se comparer à hier ou à l’image qu’on se fait d’une « bonne posture ».

Dans cette écoute, santosha devient une pratique concrète : celle de se relier à soi sans exigence, avec patience. Respirer là où ça tire, sans chercher à corriger. Juste être là, pleinement. Et la question devient vivante :
Peux-tu être bien ici, maintenant, même si ce n’est pas ce que tu avais prévu ?

postures pour développer santosha, le renoncement ou le contentement

En dehors du tapis, les occasions sont nombreuses :

  • Quand un projet n’aboutit pas.
  • Quand il pleut le jour de notre sortie prévue.
  • Quand la vie n’offre ni frisson ni performance.

Santosha nous chuchote : « Et si c’était assez, là, maintenant ? »

Une pratique quotidienne

Depuis mon retour d’Inde, j’essaye de cultiver cette tranquillité active. Certains jours, c’est fluide. D’autres, je retombe dans les schémas d’insatisfaction. Mais plus je m’entraîne, plus mon regard change. Moins de comparaison, plus de gratitude. Même au coeur du chaos, il y a souvent un souffle de paix qui attend.

Pour conclure

Santosha n’est pas une injonction à être heureux. C’est une invitation à revenir à soi, à la présence, à l’émerveillement sobre. Ce n’est pas facile, mais c’est puissant. Alors, la prochaine fois que la vie ralentit, que rien ne semble avancer, posez-vous cette question :

Et si c’était déjà parfait ?

Afin d’explorer un autre pilier fondamental de la philosophie du yoga au quotidien et sa connexion au contentement, consultez notre article sur Ahimsa: Comprendre et Pratiquer la Non Violence au quotidien

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