Quand la non-violence devient une voie de paix intérieure
Le yoga au-delà du tapis – Épisode 1
Un matin comme un autre. Ou presque.
Un jour, quelque part dans le sud de l’Inde, alors que je marchais sans but précis dans une petite ville, deux scooters se sont percutés devant moi. Rien de très violent, juste un choc maladroit. Je m’attendais instinctivement à voir les deux conducteurs s’énerver, s’accuser, hausser le ton.
Mais non. Ils se sont relevés, l’un a tendu la main à l’autre. Ils ont vérifié leurs véhicules, hoché la tête, échangé quelques mots… puis sont repartis, dans le calme, presque avec le sourire.
C’était si simple. Si naturel.
Et pourtant, moi, j’étais là, stupéfaite. Parce que dans mon monde intérieur, un accrochage, c’est source de tension. On cherche un coupable. On râle. On réclame.
✨ Une révélation silencieuse
Ce que j’ai vu ce matin-là, ce n’était pas un accident. C’était une réponse non violente en acte. Une démonstration spontanée d’ahimsa — cette qualité de non-nuisance, de non-violence, à la fois dans le geste, la parole, le regard.
Sans grand discours, ces deux hommes m’ont transmis une leçon de yoga, dans la rue, en tongs et sans tapis.
📜 Ahimsa dans les textes : force tranquille
Dans les Yoga Sūtra de Patañjali (II.35), il est écrit :
“Ahimsa-pratishthayam tat-sannidhau vaira-tyagah”
Lorsque la non-violence est fermement établie, toute hostilité cesse autour de nous.
Ahimsa, ce n’est pas l’inaction. C’est le courage de ne pas réagir avec colère, même quand ce serait plus facile. C’est ce que j’ai vu ce jour-là : une force intérieure si enracinée qu’elle apaise les tensions avant même qu’elles ne naissent.
💬 Et dans la Bhagavad Gītā ?
Le chapitre XII, versets 13-14, évoque avec justesse l’attitude du yogi :
“Celui qui n’éprouve aucune hostilité envers les êtres vivants, qui est bienveillant, compatissant, affranchi du sentiment de possession et de l’ego…”
Ce n’est pas un idéal lointain. C’est un entraînement quotidien. C’est notre manière de choisir, encore et encore, la douceur au lieu de la réaction.
🌱 Ahimsa, dans la vraie vie
Bien sûr, dans nos vies modernes, ce n’est pas toujours aussi simple. Mais ahimsa peut devenir une boussole :
- Quand on se fait couper la priorité et qu’on respire au lieu d’invectiver.
- Quand un proche nous pique au vif et qu’on choisit de répondre depuis un lieu de paix.
- Quand on se parle à soi-même sans jugement après une erreur ou un raté.
🧘♀️ Sur le tapis aussi
Il y a des jours où l’on vient sur son tapis chargé·e, tendu·e, peut-être même agacé·e. Et c’est là que le yoga devient un véritable terrain d’entraînement pour la non-violence.
Ce n’est pas la posture la plus avancée qui compte, mais l’intention avec laquelle on la vit.
Des postures comme :
- Balasana (la posture de l’enfant) : un retour vers soi, vers l’écoute, vers la sécurité.
- Anjali Mudra (les mains jointes au cœur) : un geste de paix intérieure, d’humilité, d’unité.
- Savasana (la posture du cadavre) : laisser-être, sans effort, sans jugement.
Ces postures nous demandent : Peux-tu te reposer sans culpabilité ? Peux-tu t’offrir un instant de paix, sans condition ?
C’est là que Ahimsa s’enracine : dans la bienveillance envers soi, même (et surtout) dans le silence.
Lisez notre article si vous souhaitez en savoir plus sur Qu’est-ce que le Chin Mudra
Il ne s’agit pas de « faire » ces postures, mais de les habiter, avec l’intention juste.
Une pratique du quotidien
Je n’ai pas oublié cette scène de scooters. Elle me revient souvent, surtout dans les moments de tension. Elle me rappelle que la paix est un choix, à chaque instant, même dans les choses banales.
Et que le yoga commence peut-être là : pas quand je tiens enfin la posture du corbeau… mais quand je peux regarder l’autre avec humanité, même après un choc.
🌱 À méditer :
« La non-violence, ce n’est pas de ne pas frapper, c’est de ne pas nourrir la haine. » Mahatma Gandhi.
